Les moulins 

 

Si la plupart des céréales panifiables cultivées en Wallonie sont envoyées vers l’industrie, une poignée d’agriculteurs ont fait le choix de valoriser leurs productions autrement. Plusieurs modèles en circuit court existent. Des agriculteurs s’associent entre eux pour approvisionner un moulin, qu’ils gèrent eux-mêmes ou non, et vendent la farine sous un nom unique. D’autres agriculteurs ont décidé d’avoir leur propre moulin à la ferme afin de maîtriser la qualité depuis leur champ jusqu’au grain, voire même jusqu’au pain ! Pour plus d’informations sur la filière céréales, découvrez tous les moulins de Wallonie et un article détaillé.

Découvrez ci-dessous les 3 moulins qui participent au défi « En septembre je mange mon pain local »

La Ferme du Gala à Glabais

Avant de s’installer à la Ferme du Gala, Ignace et Isabelle étaient agriculteurs dans la ferme familiale du Passavant avec Karel, le frère d’Ignace. A l’époque, ils tenaient un magasin à la ferme et y vendaient notamment la farine d’une autre ferme, qui avait du mal à suivre la demande. Il y avait un créneau à prendre.

Lorsqu’ils ont arrêté le magasin, après s’être installés à la ferme du GALA, Isabelle est revenue à temps plein sur la ferme et ils ont eu l’idée de se lancer dans la transformation de leurs céréales en farine. Installées en agriculture biologique, ils produisent beaucoup de sortes de céréales pour diversifier leurs cultures, pour allonger les rotations dans leurs champs. Mais les petites quantités de céréales qu’ils produisent ne permettent pas d’obtenir des prix intéressants en vendant leur grain à l’industrie. Alors, confiants dans l’idée qu’il y avait un créneau à prendre,  ils se sont lancés dans l’aventure !

Installé en 2020, le moulin sur meules de pierre tourne aujourd’hui quasi tous les jours de la semaine, alimenté depuis peu par des panneaux photovoltaïques.

Le métier de meunier a du s’apprendre sur le tas ! La première année c’était une aventure, il y avait beaucoup de réglages à faire, ils ont appris de leurs erreurs. Plus qu’un savoir, c’est un savoir-faire à acquérir : observer, écouter, sentir pour pouvoir réagir quand le moulin chauffe, quand une galette se forme… . Et en plus le travail du moulin dépend de la météo, surtout s’il fait humide ! Ignace est bricoleur, il a bricolé des petites choses pour adapter le moulin à ce qu’il recherchait. Il a aussi appris à tailler la pierre, pour retailler les stries des meules quand elles s’usent.

Moudre, cela prend beaucoup de temps, il faut rester proche pour intervenir si nécessaire ; mais cela s’intègre bien dans la journée de travail à la ferme, avec l’élevage de volailles.

Isabelle et Ignace produisent principalement de la farine de froment, mais aussi de l’épeautre et du petit épeautre. En une année, ce sont environ 20 tonnes de farine toutes céréales confondues qui sortent du petit moulin, ce qui représente 8ha de cultures.

La farine est vendue principalement aux consommateurs via des épiceries locales, dont Le potager des Hasquettes, Agricovert, et au distributeur de la la Ferme du Passavant.

Isabelle et Ignace travaillent aussi avec quelques boulangers, parmi lesquels la boulangerie Gossiaux à Genappe. « Quand on travaille avec un boulanger, on a un retour, on échange sur la qualité de la farine, qui varie d’une saison à l’autre, et on voit le produit fini ! »

Le moulin a amené du changement dans la ferme, une diversification économique, des connaissances nouvelles, des aménagements dans le travail, et de la satisfaction, comme le dit Ignace : « Le plus fou au début, c’est le plaisir de produire la farine, un produit fini ! »

Pour plus d’informations sur tous leurs produits (farines, oeufs, pommes de terre…), consultez le répertoire des producteurs !

Les Cocottes en ribote à Bousval

« Lorsque l’on a commencé à produire des céréales, on trouvait dommage de les mettre en dépôt, de les vendre à l’industrie. Parce qu’alors, on dépend du prix du marché qui évolue tout le temps, il faut vendre au bon moment, et ça ne rapporte rien. Au début de la guerre en Ukraine, le cours du blé est monté à 300€ la tonne, mais maintenant il est à 160€ la tonne…Tant que les prix n’atteignent pas 200€ la tonne, cela ne rapporte pas !  Il fallait trouver une façon de sortir de cette spirale, de reprendre le contrôle des prix des céréales produites sur nos champs. En stockant le grain et en le transformant, on peut nous même estimer un prix juste, qui ne fluctue pas, et être moins dépendants des marchés. »

Nicolas et Marie, des Cocottes en ribote, avaient également un vieux bâtiment à réaménager. Alors, le projet est né dans leur tête, et en 2 ans, le bâtiment a été réaménagé en espace de stockage pour les grains, et de transformation pour accueillir le moulin sur meule de pierre.

Le moulin est installé depuis le printemps 2024. La première année fut une année de découverte, et d’apprentissage de nouvelles compétences. Un nouveau métier à apprendre en formation continue sur le terrain… En France, les études de meunerie durent 4 ans ! Apprendre à maîtriser les réglages du moulin, comprendre les analyses de céréales, mais aussi à voire, sentir, toucher, écouter !

Le moulin en activité exige une présence continue dans les alentours ; avec le travail à la ferme à côté, on peut faire autre chose tout en surveillant le travail du moulin.

La première année, ils ont produit 10 tonnes de farine de froment sur la ferme, ce qui était leur objectif de démarrage. A terme, ils ont l’objectif de produire 50 à 60 tonnes de farine de froment, mais aussi d’épeautre.

Cette année, ils démarrent la transformation d’épeautre en agriculture biologique.

Nicolas et Marie travaillent principalement avec les boulangers. Le moulin tourne à la demande, en fonction des commandes, pour que la farine soit bien fraîche. Le contact avec les boulangers est bon ; ceux-ci sont contents de pouvoir utiliser une farine faite du jour, sans gluten ajouté ni autres additifs. Et pour Nicolas et Marie, travailler avec des boulangers c’est un débouché important, mais aussi le plaisir de savoir où va leur farine, et de pouvoir acheter leur pain produit avec leur farine !

Ils approvisionnent la boulangerie Les douceurs du Ravel depuis le début de leur moulin, et depuis lors, d’autres boulangers ont testé leurs farines ! (Au gré de mon chemin, Au fin bec, la Mignardise, l’artisanale de Max). Leurs farines et autres produits sont disponibles dans des épiceries locales et à la ferme.

Trouvez plus d’informations sur leurs produits (farines, pâtes, oeufs, lentilles… ) dans le répertoire des producteurs.

 

Le Moulin de Vencimont

C’est du côté de Gedinne que l’on retrouve le moulin et la boulangerie de Vencimont. Ils ont créé un partenariat avec des agriculteurs locaux afin de s’approvisionner en céréales 100% wallonnes et cultivées en agriculture raisonnée de conservation.

Trois moulins se trouvent sur place : deux moulins à eau et une minoterie dans laquelle se trouve un petit moulin à cylindres propice à une mouture plus technique ainsi qu’au blutage de la farine.

Vous trouverez leurs produits en ligne sur leur site et dans certains points de vente.

 

Les farines

Pas toujours facile de s’y retrouver dans les types de farines ! 

On retiendra qu’une farine moulue sur meule de pierre (comme dans les moulins ci-dessus), permet de conserver le germe de blé et les fibres, garantissant ainsi des qualités nutritionnelles supérieures (présence de fibres, de vitamines et de minéraux) et des arômes souvent plus riches. Elle demande un savoir-faire artisanal pour être transformée en pain, pour cette raison on n’en retrouve que dans les pains de boulangeries artisanales.

La farine moulue sur cylindre est quant à elle plus homogène, plus stable et de plus longue conservation car elle ne contient pas le germe.

Visionnez une petite vidéo pour mieux comprendre ou visitez le site très pédagogique du projet Histoire d’un grain ( coopérative située à Thimister-Clermont/Liège).

Les moulins sur pierre donneront de la farine dite blanche, semi-complète ou bise, complète et intégrale.

En général, les farines de blé 60% correspondent à une T65, les farines 70% correspondent à une T80 et les farines  80% correspondent à une T110.